dimanche 4 mars 2007

Le Lecteur de Sherlock Holmes. Première Partie. Chapitre II. Les Yeux ouverts.

Assis auprès d'une petite table, nos héros sont là. Face aux fenêtres, dans le soleil pâle de cette fin d'après-midi, ils prennent le thé. Derrière eux, crépite un feu ardent. Les dos s'y réchauffent. Sur des étagères, dans la bibliothèque, des ouvrages, anciens et récents, sont à la disposition des lecteurs. Un essai signé Thomas de Quincey est ouvert. Dans la cour d'une école toute proche, des enfant jouent. Les murs nus de la pièce font résonner leurs cris.

-Avez-vous un commencement d'explication quant à notre emménagement dans l'Hexagone, Holmes ?

Sherlock Holmes, les yeux fermés, écoute les bruits. Son attention se détache du dehors. Sur son visage, dans son corps, on voit la concentration se déplacer. Elle se sépare des rires enfantins et s'accroche à l'interpellation de son ami. Il ouvre les yeux.

- Vous souvenez-vous Watson, de cet article que j'avais eu la témérité de publier dans un journal, sous le titre "Le livre de la vie" ?

- Oui, très bien. Comment l'oublier ? C'était votre profession de foi. Je l'avais qualifié "d'impossible fatras"...

- Votre réaction était celle du parfait néophyte. Le temps et les évènements n'ont pas manqué pour que démonstration soit faite, qu'appliquée à la résolution des affaires criminelles, la méthode déductive sur laquelle je misais, portait un coup fatal au mal, dont l'action nauséabonde tendait alors à s'organiser. Intouchable doublure de la vie, chevalier de l'élucidation des affaires crapuleuses, avec votre aide, j'ai démontré qu'il était possible, rentable et louable, d'essuyer le trop plein des fautes commises.
Ah! Watson, dans cette lutte, nous avons eu nos succès.
Pour lui-même plus qu'à l'attention de Watson
Peut-être avons nous réellement protégé notre royaume du pire...

- Le pire ? Qu'entendez-vous par là ?

- Regarder sans voir. Entendre sans écouter. Parler sans motif. Lire sans nécessité. Vivre sans raison... lugubre litanie. Je vous en épargne couplets et refrain. Cela pourrait gâter votre bonne nature.

Si l'on avait lu et compris Wordsworth, de Quincey, quelques autres, les sombres nuages que la plupart ont vu s'accumuler à l'horizon auraient été pris en compte, bien avant que la tempête ne s'abatte sur le continent.

Pourquoi n'accorde-t-on pas plus de crédit à la parole des grands esprits ?

Prenez mon projet de salut public. Il ne se limitait pas à combattre la criminalité. L'ambition était plus large. Sans en faire part ouvertement, je n'ai jamais caché que les énigmes de l'esprit me passionnaient. Soit que je l'ai à demi déclaré, soit que votre sensibilité l'a ressentie, ce goût pour les manifestations tangibles de la suprême intelligence, transparaît dans les comptes-rendus de nos aventures. Si l'élite européenne des années 1900-1910 avait lu nos petites histoires, qu'un très large lectorat mondialisé portait déjà en triomphe depuis 20 ans, et si les gens instruits, en Angleterre, en France, en Allemagne, plutôt que de s'opposer et de se détester, avaient considéré ma force d'élucidation comme l'exemple même de la démarche intellectuelle à suivre et promouvoir, parce que pertinente et fédératrice, ils auraient inscrit au fronton de l'humanité, non pas les guerres et l'économie dévoyée, mais l'enquête méthodique, l'investigation dirigée, le goût d'éclaircir le mystère du monde. Son ombre, trop épaisse, allait se mettre en marche et devenir, ô combien active, déconcertante, inquiétante et destructrice.

Hélas! "Le livre de la vie"... je l'ai annoncé. Mais ne l'ai pas écrit. J'ai tant nui au crime, qu'à la fin, il a réclamé son dû : mon corps imaginaire épuisé, triomphant dans sa mission sacrificielle, s'est dilué dans les eaux tumultueuses de Meiringen.

- Les chutes de Reichenbach! Vous y pensez toujours! Je ne comprend pas. Vous en avez réchappé. "Le Retour ou la maison vide" en témoigne. Pendant que vous étiez en méditation, je relisais cet épisode. J'ai sous les yeux la fin de cette affaire. Dans la souricière que nous lui avons aménagé et où il a le malheur de se rendre, nous fondons sur l'ennemi. Sa stupéfaction est totale. Il vient de tirer sur votre silhouette, dressée sans peur, bien en vue, derrière une de nos fenêtres de Baker Street. Le tir fait mouche. Le meurtrier voit votre crâne voler en éclats. Pour lui, vous êtes un homme mort.

- Mon effigie en cire. C'est un français qui l'a réalisée. Watson... ne voyez-vous pas ce qui s'est passé ? Hélas, non. Il vous est impossible de le savoir. C'est le problème.

Il va me falloir être incisif. Acceptez-vous que j'outrepasse certaines étapes déductives pour donner rapidement le résultat ?

- Faites, Holmes. Cela sera sans doute moins douloureux.

- Puisqu'une partie de vous est encore accrochée à l'époque anglaise, permettez-moi de revenir dans le passé. La problématique est neuve. Je vais donc utiliser le présent de l'indicatif pour évoquer ce que nous avons vécu.

Dans les années 1890, "Les aventures de Sherlock Holmes" monopolisent le public au delà du prévisible. Nos enquêtes deviennent très populaire. La réussite est totale. Pourtant notre premier écrivain supporte mal que nous lui volions la vedette. L'ampleur du succès gêne Conan Doyle. Notre tendance à s'installer dans la vie l'effraie. En outre, il craint pour ses autres travaux, notamment ses romans historiques. Composées à la manière de Walter Scott, ces fresques, qui ont exigé tant de travail, sont reléguées à l'arrière plan. Il aimerait que le public s'y intéresse. Pourquoi les lecteurs donnent-ils si follement dans nos petites affaires ? Conan Doyle est inquiet. Il juge sévèrement les préférences littéraires de ses contemporains. Il est d'autant plus furieux qu'il est à l'origine de ce qu'il croit être une exagération romanesque de mauvais goût. Troublé, et même blessé, par le phénomène, il ne se pardonne, ni ne s'explique l'insolant triomphe. Il prend alors une grave décision: il se débarrasse de notre encombrante notoriété en se délestant de moi. Sous son impulsion, je disparais en 1893, dans les Alpes, en Suisse, au fond de "la rivière Reich".

Je m'éclipse et vous, mon ami, restez à la surface d'une page qui devient blanche. Votre cordialité ne couvrira plus l'écriture de nos récits. Le public proteste. Conan Doyle demeure inflexible.

Dix années passent. Soudain notre écrivain est d'humeur repentante. Il désire effacer son crime. De mauvaises langues affirment que l'argent d'un riche mécène l'aurait convaincu de reprendre la plume... Mais après que les remous du torrent m'aient englouti, que le courant m'emporte vers d'autres rives, un retour est-il possible ? Sir Arthur croit que oui. Il prétend me faire revenir. Il vous convoque et me ressucite.

Comme un comédien, Holmes change sa voix, il chuchote :

Le prétendu "Retour". La maison vide est à lire avec minutie. Pour tromper un redoutable adversaire, j'offre la tête du mannequin de cire. Elle explose sous l'impact de la balle. En pénétrant la fausse cervelle de pâte molle du pantin à ma ressemblance, le projectile suit des instructions conforment à ma dernière volonté. Prévenir le lecteur que l'exceptionnelle tête qui résidait au 221b Baker Street, à Londres, met en scène son irrévocable départ. En cet endroit, son travail est terminé. Qu'on se le dise: le prodigieux locataire n'est plus là.

Sa voix change encore, plus forte, feutrée :

Circulant avec les nombreux voyageurs des chemins de fer, nos aventures peuvent continuer de paraître dans la presse. Vous êtes authentique. Mais moi... Je laisse l'encre épaissir et alourdir la fulgurance de mon passage. Ce forcissement du trait a sa fonction : graver dans les psychés le souvenir de ma venue. Dans cette reprise, vous jouez avec mon ombre. Watson, vous avez noté ce geste: j'avais habillé mon double en cire avec une robe de chambre. A la toute fin du "Retour", j'ôte du mannequin ce confortable négligé et m'enveloppe dedans . Vous dites même que dans cette tenue familière, vous me retrouvez pleinement. Redoutable piège. Ralentissez cette action et l'intention s'en dégage. C'est là que je pars. Sous vos yeux, ma représentation vient d'être fracassée. Sous vos yeux, pourtant, son habit continue d'être porté. Qui est sous la cape ? L'occasion du retour, qu'on m'impose, je l'utilise. Je multiplie les signes. J'informe de la situation: transfert vers la France !

Souvenez-vous. Ce pays est mon dernier client. Mes pas ont résonné dans les somptueuses galeries du Louvre. La Joconde venait d'être volée. Pour le compte de l'État français, je la retrouve, faisant échouer l'arnaque conçue par l'abject Moriarty. Sa haine n'a plus de limite. La suite, vous est connue. La chute de Reichenbach met un terme à ses malversations, ainsi qu'à mon action dans la puissance anglaise.
Comme je l'avais fait pour la province du Devonshire, consultant une carte d'état major pour circonscrire le domaine de la lande, où sévissait le chien des Baskerville, avez-vous déjà examiné une carte précise du bassin rhénan ? On y voit tout. Ruisseaux, canaux, rivières et fleuve s'entrelacent et conjuguent leur flux. Tombé dans le Reichenbach, point stratégique du réseau, je me laisse porter par les vénules, veines et artères du schéma hydrographique. La discrète voie conduit en France.

La France. Elle m'avait appelée pour que je sauve son emblème. Elle restait mon dernier client. Lorsque Conan Doyle m'extirpe de son imaginaire, il met fin à notre collaboration. Entre lui et moi, affaire classée. Sans assignation, quelque chose de moi s'immisce dans ce territoire qu'à présent je rejoins totalement. Ce long voyage, mes ancêtres français en auront été les passeurs.

Ces faits n'ont jamais été porté à votre connaissance. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que Conan Doyle n'en a rien su. Il ne s'est pas aperçu que la vulgarité n'était pas à l'origine de la fascination que nos enquêtes exerçaient sur les lecteurs. Il n'a pas constaté que ma présence dépassait les mots dans lesquels j'étais inscrit. Entité réelle, puissante et autonome, Sherlock Holmes est la vêture d'une donnée éternelle. Si elle accepte d'être portraiturée dans la fiction, elle ne loge que dans l'esprit.

- Je suis abasourdi. Que dire ?

Ce jour, si lointain, de 1893, celui de votre lutte contre Moriarty, aurait été tellement décisif...? Vous aviez réglé votre départ de main de maître, certes; mais je ne savais pas que cela puisse être vrai à ce point. Quand vous êtes revenu, évoquant votre voyage, vos séjours, au Tibet, à la Mecque, j'ai cru à ce récit. Il était bizarre. Mais j'y ai cru, ainsi qu'à votre retour!

- Évidence, mon cher ami. Aucun supplément de conscience ne vous avait été accordé. Vous étiez, de nouveau, le fantôme de notre écrivain. Lors du supposé Retour, de votre point de vue, rien ne change. Comprenez-le. Conan Doyle ne peut vous faire bénéficier d'une connaissance qu'il n'a pas lui-même. Son intérêt dans l'affaire ? L'argent ainsi que le sentiment d'une victoire. Peu responsable de mon incursion dans son imaginaire, désappointé par mon impact sur le lectorat, me réinventer lui donne l'illusion du contrôle. Sauf qu'à travers vous, il ne m'observe plus en direct. Mais il se souvient. S'instaure la rémanence de ma venue.

Watson est bouleversé. De part et d'autre d'une césure qu'il n'a pas vu, et que Sherlock Holmes lui indique, le fidèle narrateur découvre son rôle d'autrefois.

- Votre nature vous a échappée. Narrateur embarqué dans la narration, vous n'étiez pas en capacité d'appréhender votre définition.

Gravement, de l'index, Holmes s'effleure le front. Le doigt suit une ligne démarquant une zone inconnue qu'au fur et à mesure du geste, Watson qui l'observe, sent en lui-même. Confus, il se justifie:

- J'avais tout de même noté certains changements... L'impression, parfois, que vous étiez las. J'avais un argument, à chaque fois le même : l'épreuve du Reichenbach avait été rude. Peut-être un peu trop. Pour ne pas vous peiner, j'évitais d'aborder le sujet et carrément d'y songer. Peu à peu, je me suis fait à votre mélancolie. De toute façon, votre lutte contre le crime était toujours aussi acharnée, vigoureuse et efficace. Je me souviens de m'être dit que c'était la nature de nos affaires. Elles avaient pris le goût du quotidien. Elles avaient attrapé ce quelque chose de spleenétique. L'intrigue exceptionnelle, l'extravagant micmac se faisaient rares. Le caractère routinier des problèmes à résoudre, si inférieur à vos capacités déductives, émoussait votre désir.

Watson parle. Ne s'arrête pas de parler.

Du reste, vos séances d'absorption d'opium, de cocaïne, se sont multipliées. Presque chaque jour, vous êtes allé, dans cette chambre secrète du Conseil, recueillir le témoignage de votre guide... Sur cette pratique, mes mises en gardes, d'ami et de médecin, ont eu peu d'influence.

Non, Holmes. J'ai beau y réfléchir. Après votre retour, tout fut comme avant.
Peut-être le cœur n'était plus très vaillant. Le cœur... On vous a si souvent reproché d'en manquer. Moi le premier. J'ai cru ce que vous suggériez, à savoir que le style de votre intelligence excluait la tendresse. Comme si vous n'aviez pas d'aspiration personnelle... Oui, cela aussi, je l'ai cru.

Suis-je sot à ce point ?

Je n'ai rien vu. C'est trop fort. Presque cruel. En dehors de mille conjectures sur vos manies, réellement, je n'ai pas vu votre modification. Relié à votre entité résiduelle, à la persistance de votre mémoire, pendant des années, j'ai continué de seconder vos exploits.

- Mon cher ami. Constatez-le. L'inventaire que vous venez de dresser est déjà un supplément d'âme. Votre conclusion a du génie. Elle cerne au plus près la perception de Conan Doyle. Saviez-vous qu'il était médecin, spécialisé dans l'ophtalmologie ? Vous étiez son outil, Watson, sa lunette d'approche. Et c'est lui, pas vous, qui m'a regardé. C'est lui qui n'a pas soutenu du regard mon étrange luminescence. A travers vous, il m'a vu penser, agir, réussir dans le domaine de l'élucidation, là où personne n'avait à ce point réussi. Parce qu'il n'a jamais su qui j'étais, il n'a ni compris, ni accepté mon triomphe. Après m'avoir fait naître, il me tue. Puis il me fait renaître. Perceptions changeantes, toujours insuffisantes. Toutefois, il a l'extraordinaire modestie de vous doter d'une générosité et d'une fidélité, à mon égard, que lui-même n'a pas maintenu. Sa sensibilité vous a traversée pour me voir. Comme vous lui étiez supérieur, en constance et en abnégation, sa vue en a été ennoblie.

- Vous parlez de la vue, c'est étrange. N'ai-je pas été aveuglé ? Holmes! J'ai l'insupportable impression d'être dans la nuit.

- C'est exact. Mais votre statut change. A présent, vous pouvez voir.

Watson est au bord du visible.

- Tout c'est fait et défait dans mon dos, comme ce feu ardent, qui maintenant, derrière nous s'épuise.

- Avec le soleil de ce jour, ce feu s'éteint. Regardez le mur blanc, Watson. Nos ombres y palissent, leur contour se perd. Au fur et à mesure que vous prenez conscience de la nature de notre réalité, le John Watson se dématérialise, que vous aviez cru de chair. Les ombres s'effacent. Notre véritable condition va apparaitre.

- Vous avez légué à la France votre talent d'élucidation le plus haut. Holmes, je vous en prie, dites-le moi : qu'avons-nous à faire en France, en ce petit endroit ?

- La réponse est également dans "La maison vide". Puisque vous avez cet opus sous la main...

Il y a des arbres qui poussent jusqu'à une certaine hauteur et puis qui tout à coup développent une protubérance horrible. Souvent les hommes ressemblent à de tels arbres. Je professe une théorie selon laquelle l'individu représente dans son développement toute la série de ses ancêtres, ses brusques orientations vers le bien ou vers le mal traduisant une puissante influence qui trouve son origine dans son pedigree. L'individu devient, en quelque sorte, le résumé de sa propre famille.

Que pourrait faire un être de fiction à qui l'on a prêté des aïeux réels ? Parachever la destinée de sa lignée. Mes racines sont françaises, Watson. Mes aïeux huguenots ont du fuir les coups qu'en 1685, la révocation de l'Édit de Nantes fait pleuvoir sur eux. Ils vont en Angleterre. S'y installent. L'arbre familial se développe sous ce climat. J'apparais à Londres et donne une grande envergure au bel édifice. Mais la cime de mon arbre culminera sur la terre ancestrale. Simple application de la théorie: mon héritier est ici.

Avez-vous entendu les enfants ? A l'extérieur, leurs jeux bruyants ont accompagné le début de notre conversation. Puis le brouhaha s'est englué. Le bruit a cessé. Aucun détail ne m'échappe, vous le savez. Dans les cris, j'ai perçu le timbre de l'un de ces petits. Ecoutez, l'école est déserte. L'empreinte vocale, si légère, la voix flûtée, presque égale à celle de ses camarades, est entrée dans la maison. Déjà les petits pas résonnent dans l'escalier.

Le cher petit arrive. Je le connais par cœur. Son meilleur copain s'appelle Durozelle. Son ami intime, Secret-Roze. La fillette qui est amoureuse de lui, Roseline. Message qu'il comprendra. Ce garçon est un bouton de Rose dont j'ai senti le grisant parfum à la seconde où j'ai pris pied sur la rive de ma dernière mission. Un siècle avant sa floraison, la fragrance de cet être tournoyait dans l'air.

L'enfant va entrer, Watson. Préparez-vous. Il faut lui chuchoter ce que nous savons. Il faudra écouter tout ce qu'il en dira. Nous sommes de ses guides. Il doit être prêt. Dans un quart de siècle, il rencontrera son Maître et "Le livre de la vie" s'écrira. Il choisira le titre prévu : "Le Lecteur de Sherlock Holmes ou les Liaisons Heureuses".

Une porte s'ouvre. Un garçonnet de neuf-dix ans pénètre vivement jusqu'au centre de la pièce, vide. Le feu est éteint. L'évocation du Reichenbach disparaît.
Le nouveau venu
sursaute. Sur le mur, il est en persuadé, une légère nuance ombrée a bougé. Des présences habitent l'endroit. De temps à autre, elles lui font signe. Il les écoute. Il les aime.